Une ferme familiale transmise par étape

Avant d’être transmise, la ferme appartenait à une famille depuis plusieurs générations conduite en conventionnel. Un des fils, Alain, avait repris la ferme en continuant le travail avec sa mère. Les productions étaient diversifiées au départ et progressivement, il y a eu concentration sur l’arboriculture. A son départ à la retraite, lui et sa fratrie souhaitaient vendre, ils tenaient à faire perdurer l’agriculture sur le lieu, en harmonie avec ce qui avait toujours existé. Trouver un candidat pour la reprise a pris du temps car ils attendaient quelqu’un avec un projet agricole, voulant vivre sur place et ayant un capital suffisant pour couvrir l’achat des biens. Au départ, ils pensaient mettre en vente uniquement la maison et garder les terres pour les mettre en fermage mais la présence des terres et bâtiments autour de la maison risquait de ne pas convenir à tous les habitants. Il a décidé d’arracher les vignes car il ne pouvait pas les entretenir et a vendu la quasi-totalité du matériel. C’est la présence d’un cousin ayant cultivé les terres en céréales pendant 6 ans, qui a temporisé la vente de la totalité des biens. Avec Thibault, ils se sont rencontrés via un site d’annonces immobilières et agricoles. Il s’est rendu 3 fois à la ferme avant d’acheter pour faire l’état des lieux avec attention et discuter de son projet avec les vendeurs. Une transmission de ferme nécessite du temps et de l’anticipation, afin de prendre le temps de définir comment on veut transmettre, rencontrer des candidats et vendre sans précipitation pour trouver des ententes entre les deux partis.

Des éléments du parcours passé facilitant la reprise en main de la ferme où tout est à refaire

La ferme demandait à être reprise en main : il n’y avait plus de fruitiers plantés, les bâtiments contenait deux chambres froides à remettre en état et il fallait s’équiper en matériel. Arriver dans une ferme laissée en suspens lui a laissé de la liberté mais constituait des frais et du travail supplémentaires pour mettre en marche l’outil de production en l’adaptant aux orientations du projet. Cela a été possible car Thibault et sa compagne ont apporté leur capital pour investir dans l’exploitation et ont contracté un prêt bancaire uniquement pour la maison. Pour le reste, le montant de l’achat a été partagé à deux, et ils ont monté une société agricole ensemble où seul Thibault a le statut d’associé exploitant. Quant à elle, elle poursuit son métier de vétérinaire dentiste équin.

Par ailleurs, Thibaut a déjà un parcours d’entrepreneur, il était auparavant fondateur et gérant de plusieurs sociétés. Il possède des compétences en pilotage d’entreprise et en comptabilité. Malgré le fait qu’il ne soit pas issu de monde agricole, il a su trouver et faire appel à divers acteurs du monde agricole (Chambre d’Agriculture, l’Association de Développement de l’Apiculture en Occitanie, ADEAR 82, Campagne vivante 82, groupement de producteurs AgriBio 82) pour obtenir des subventions agricoles et des conseils pour son projet.

Diversifications des ateliers suivant les opportunités et transformation des productions

Thibault a restructuré la ferme autour de deux activités diversifiant ses productions avec la mise en place d’un atelier d’apiculture et d’arboriculture en Agriculture Biologique. L’atelier végétal, qui prendra du temps à entrer en production, a été conçu autour d’un système agroforestier intégré à des plantations de vignes, pruniers et amandiers. Il a eu l’idée d’entamer son activité par la production de miel, qui constituerait son revenu principal le temps que ses arbres entrent en production. Il a acheté un cheptel de 45 colonies d’abeilles qu’il a multiplié par 4 en 1 an afin d’obtenir une quantité de miel importante dès la deuxième année. La même année, une opportunité se présente de prendre en fermage 1 ha de vignes de raisins de tables (Chasselas) à un voisin. La récolte immédiate de fruit a permis de compléter ses revenus. L’agriculteur ayant mis en fermage et l’ancien propriétaire lui ont transmis des conseils et des indications concernant les caractéristiques de la ferme. Ils ont apporté à Thibault leurs regards expérimentés sur les vignes préexistantes et sur la conception du nouveau verger.  Il a par ailleurs développé et diversifié ses canaux de ventes avec deux marchés pleins vents, des marchés saisonniers, une boutique à la ferme et en ligne ainsi qu’un système de livraison de paniers à la demande. Un travail important de transformation de toutes les productions est réalisé afin de renforcer les marges : atelier de transformation du miel en confiserie, pâtisseries, hydromel, jus de raisin et alcool. Il diversifie aussi ses sources de revenus grâce à l’accueil à la ferme, ils ont aménagé un gîte dans une des maisons et Thibault propose des ateliers de découvertes de l’apiculture.