Lieu (commune, département)
Tours-sur-Marne
Surface (en ha)
127 ha
Nombre de personnes
2 associés + 1 salarié à temps plein
Label
- Agriculture Biologique
Commercialisation
Grandes cultures : Circuit long
Viticulture : Commercialisation en bouteille et un peu de vente de raisin
Répartition
Rapport.s
Vivabilité
Congés Congés hivernaux. Réduction de la charge de travail entre fin décembre et mi-janvier.
Parcours à l'installation
Stéphane s’est installé en 1992 sur la ferme familiale, dans l’ouest marnais. Dans la prolongation des pratiques de son père et de son oncle, il a conduit la ferme en polyculture champenoise (betterave, colza, blé, orge) en agriculture conventionnelle pendant 10 ans. Suite à des problèmes de santé rencontrés dans sa famille, Stéphane s’est retrouvé à gérer seul l’exploitation d’une centaine d’hectares. Un rythme de travail non soutenable et des développements d’allergies causés par les produits phytosanitaires ont poussé le paysan à revoir sa manière de travailler jusqu’à changer totalement ses pratiques.
Galerie
ARDEAR Grand Est
Romane Roosz
Maison de l’Agriculture
26 av. du 109ème RI
52000 Chaumont
France
contact@ardeargrandest.fr
Ouverte aux visites
La ferme est ouverte aux visites :Visite libre, Visite établissement scolaire, Visite collective
Programmer une visiteOuverte aux stages
La ferme est ouverte aux stages :Stage de découverte, Stage rémunéré
Postuler à un stageDes changements de pratiques vers la biodynamie
Le changement de pratiques de Stéphane recouvre trois aspects. Le premier s’amorce dès 1997, lorsque le paysan marnais débute l’enherbement naturel maîtrisé (ENM) dans les parcelles de vigne sur les recommandations d’experts viticoles. Si cette pratique favorise le développement de diverses espèces pour retrouver un sol vivant, elle « ne plaisait pas à [ses] propriétaires ». Mais plutôt que de revenir en arrière, Stéphane a choisi de poursuivre sur cette voie en amorçant de nouvelles transformations de son système.
La seconde modification de pratique a été l’arrêt du labour dans les champs, la même année. Stéphane justifie cet arrêt par un gain de temps, précieux lorsqu’il était seul sur la ferme, et ensuite pour des arguments agronomiques.
Enfin, dans la même logique qui l’a poussé à commencer l’ENM, Stéphane entame un troisième changement de pratique : la réduction au minimum du volume d’intrants. Dans l’idée de favoriser la vie du sol, le paysan marnais a dans un premier temps recherché des alternatives aux produits de synthèse. Le paysan a réduit progressivement les produits, jusqu’à atteindre des quantités minimales.
En parallèle, Stéphane s’intéresse aux rôles du sol et des micro-organismes dans la vie des plantes. Au fur et à mesure de ses recherches, il découvre les travaux de Pierre Masson qui l’amènent à la biodynamie. La ferme n’est aujourd’hui pas certifiée pour ses pratiques en biodynamie mais il s’en inspire pour gérer ses cultures. Cela l’a mené à arrêter entièrement les produits de synthèse en 2008. Les parcelles de vigne ont été certifiées en Agriculture Biologique en 2012, suivis deux ans après par les céréales.
Les cultures agricoles et viticoles n’ont jamais été agressées par une maladie destructrice depuis la conversion en agriculture biologique et l’arrêt complet de l’utilisation des produits de synthèse. Pour atteindre ses résultats, Stéphane s’est formé aux pratiques agro-écologiques et à la biodynamie, notamment avec des formations proposées par Pierre Masson.
« Ce qui est important lorsque le sol vit, c’est qu’il faut connaître l’état du sol. C’est différent de lorsqu’on apporte tout. » Stéphane observe régulièrement ses cultures et ses sols. Il a ressorti une loupe et une bêche, outils dont il n’avait plus l’habitude de se servir. Connaître le fonctionnement, et les étapes de développement de son sol lui permet d’adapter ses pratiques.
Chez Stéphane, on ne parle ni de mauvaises herbes, ni d’adventices : elles sont appelées « plantes accompagnatrices ». Le paysan les utilise comme plantes indicatrices de la composition chimique et de la structure du sol. De plus, les « plantes accompagnatrices » peuvent avoir des effets positifs sur les cultures. Par exemple, le chardon présent dans les vignes a un rôle de décompacteur du sol.
Une fertilisation minimaliste
Pour la fertilisation des sols, Stéphane n’apporte que du compost qu’il fabrique à partir de fumier de bovin lait bio qu’il récupère chaque début d’été chez un paysan à 80 km de sa ferme. Ce choix est raisonné en cohérence avec sa volonté de produire un compost de meilleure qualité, des précédents essais avec un fumier de bovin conventionnel n’ayant pas apporté d’aussi bons résultats. Après l’avoir mouliné et retourné une fois, le compost est épandu comme amendement avant le début de l’automne, l’ordinaire sur un enherbement naturel. Le fumier est ensuite rapidement mélangé au sol sous deux jours par déchaumage pour garantir une meilleure incorporation et un minimum de pertes. Ainsi, pour les grandes cultures, il fertilise alors 125 hectares avec 300 tonnes de compost, soit 2 à 3 tonnes par hectare par an. En théorie, Stéphane fertilise ses sols une fois par an. Il n’y arrive que sur 70% de ses parcelles, les plus facilement accessibles, et amende sur les 30% restants, une fois tous les deux ans, avec un petit peu plus de compost. Dans les cas les plus rares, où la fertilisation n’est pas assez concluante, le paysan utilise des engrais bouchons. D’autre part, Stéphane amende ses sols avec 40 à 50 tonnes de fientes de poules, qu’il mélange au compost lors de l’épandage pour acidifier, et rendre le milieu plus favorable aux micro-organismes.
Lorsqu’une parcelle n’atteint pas son potentiel de production, il met en place des « temps morts ». Il sème alors des mélanges de légumineuses en fonction des besoins, qui lui permettent d’enrichir la parcelle en azote, tout en sortant une petite rémunération. Stéphane fait parfois appel à des éleveurs.euses. Sa parcelle est alors transformée en surface de pâturage. Le troupeau ovin ou bovin enrichit la parcelle grâce aux déjections sur une période d’un à deux ans.
Le paysan marnais adapte ses choix d’espèces en fonction de son système de fertilisation minimaliste. Il cultive les espèces peu exigeantes en azote : Millet, Luzerne, Triticale, Orge, mélange orge/lentille. Il cultive parfois du sarrasin, notamment pour ses qualités allélopathiques et utilise des semences en Agriculture Biologique du terroir afin d’accélérer les processus du cycle des céréales.
Les rendements associés à ses pratiques minimalistes ne sont pas aussi élevés que ceux de ses voisins en conventionnel. Ils se situent généralement entre 20 à 30% en deçà. Le peu d’apport d’intrant a certainement un effet négatif sur les rendements mais cet effet est limité par l’absence de concurrence. Le faible apport d’azote réduit la concurrence entre la plante de culture et les « plantes accompagnatrices ». Stéphane s’y retrouve économiquement. Il a lourdement réduit ses charges (charge de mécanisation, achats de produits phytosanitaires…). Ses marges nettes et marges brutes sont donc très proches. Par ailleurs, Stéphane a construit de la résilience dans ses champs au fur et à mesure des années. Réalisant régulièrement des analyses pédologiques sur ses sols, Il a pu observer un gain d’un point de Matière Organique dans ses sols en 7 ans. Ces observations en champ en témoignent : il observe ainsi une bien meilleure rétention en eau sur ses parcelles qui garanti une meilleure robustesse face au sécheresses, une hausse des rendements par rapport au début de la mise en place de ces pratiques, mais aussi des résidus azotés en fin de cultures plus importants, de l’ordre de 150 kg/ha.
La réussite économique de la ferme réside aussi dans la production de semence. Depuis ses changements de pratique, Stéphane produit des semences de triticale et de luzerne dans l’objectif de stabiliser le système économique de la ferme. Les prix de vente peuvent varier entre 50€ par tonne à 100€ par tonne entre la vente de semence et la vente de céréales.
Frise d’acquisition du savoir-faire
1992
Installation sur la ferme familiale
1997
Début du non-labour
2007-2009
Début de la biodynamie et arrêt de l'utilisation de produits de synthèse
2012
Conversion des vignes en Agriculture Biologique
2014
Conversion des parcelles agricoles en Agriculture Biologique
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