La biodynamie : retisser le lien entre nature et agriculture

Sensibilisé par des parents naturalistes, amoureux des oiseaux, Antoine a vite abandonné la fac de biologie, trop éloignée de ses convictions et de l’idée qu’il se faisait de la nature. Témoin de la destruction de la biodiversité et des paysages par l’agriculture pratiquée dans son village, il veut quand même devenir paysan, persuadé qu’il existe d’autres façons de faire. Grâce à un stage d’un an chez un paysan en biodynamie, il découvre et expérimente cette méthode qui repose sur l’observation des lois du végétal et de l’animal et sur leurs rythmes.

Il crée ainsi sa propre ferme sur le site de Truttenhausen, la « maison des druides », et en fait progressivement ce qu’elle est aujourd’hui, d’abord avec l’aide de son frère, puis avec un nouvel associé, remplacé ensuite par Pierre-Henri en 2003.
Les anciennes terres de l’abbaye moyenneageuse de Truttenhausen, 38 hectares de prairies, 5 hectares de légumes et vergers, et 2 hectares de céréales/blé-epeautre, sont entièrement cultivées selon les principes de la biodynamie : aucun produits chimiques, des préparations naturelles (purins, bouse de corne, etc.), rotation des cultures, haies, diversité des pâturages, respect du calendrier lunaire pour le travail des sols, les semis, les récoltes, etc.

Un système équilibré et diversifié qui se nourrit et s’enrichit

Antoine est aussi adepte de l’idée que « rien ne se perd, tout se transforme ».
La prairie naturelle, riche de 50 espèces végétales, constitue une véritable pharmacie naturelle dans le bol alimentaire de ses 35 vaches. Antoine a choisi la race Jersiaise pour ses nombreuses qualités (petite, douce, vêlage facile, sabots durs, bonne longévité, lait de qualité riche en matère grasse). Le compost issu des déjections de ces mêmes vaches constitue un engrais naturel pour les cultures. Un petit élevage de cochons a été accueilli spécifiquement pour valoriser le petit lait résultant de la fabrication du fromage, et tous les refus et déchets végétaux du jardin et de l’atelier de transformation. Les céréales sont transformées en farine puis en pain par un boulanger du village.

Antoine considère comme un pilier fondamental de son travail de favoriser et maintenir la biodiversité sur sa ferme.
Alors que la plaine d’Alsace accueille 2 à 3 espèces d’oiseaux, les relevés ornithologiques réalisés chez Antoine recensent 70 espèces différentes d’oiseaux. Cela ne relève pas du hasard ; Antoine y travaille en faisant le choix d’une grande diversité de cultures et de haies, ou en accueillant des ruchers par exemple. Il développe aussi des actions avec l’association Nature et Vie, comme le creusement d’une mare à batraciens, la pose de nichoirs, et les invite lors de ses portes ouvertes pour informer et porter des messages de sensibilisation.

Transmettre et accueillir, pour une ferme pleine de vie

Sensibiliser, transmettre, partager, ce sont les leitmotiv d’Antoine.
En 1990, il fait partie d’un groupe de 12 jeunes qui voulaient faire de la biodynamie, et crée le 1er BPREA biodynamie reconnu par l’Etat, au CFPPA d’Obernai.

Animé par une envie de transmettre ses connaissances, il continue d’accueillir tous les ans des stagiaires de cette formation, mais aussi des stagiaires de BPREA maraichage biologique, des personnes en reconversion professionnelle, ou des élèves d’écoles Steiner.
Dans la même veine, la ferme de Truttenhausen réunit deux fois par an les biodynamistes de la région pour élaborer ensemble les préparations et décoctions nécessaires à leurs cultures.

Il y a donc souvent beaucoup de vie à la Ferme du Truttenhausen, en plus des 2 associés, de leur famille, des 6 salariés en CDI longue durée, et des wwoofers de passage. Antoine aime organiser des évènements culturels, et notamment une pièce de théâtre annuelle, qui apporte une dynamique différente au sein de l’équipe, en distribuant les rôles différemment de l’habitude.

Valorisation directe de produits diversifiés et de qualité

Tous ces bras ne sont pas de trop pour faire tourner cette ferme sur laquelle Antoine a souhaité fortement développer les volets transformation fermière et vente directe.
Ils transforment ainsi le lait en fromages et autres produits laitiers (munster, tome, beurre, crème, fromage blanc, yaourts, …). Un laboratoire construit sur place permet de transformer légumes et fruits.

Le tout est vendu en direct par le biais de 4 Amap, réunissant 140 familles, ainsi que 3 marchés hebdomadaires.
Pour Antoine, ce système de commercialisation est en adéquation avec son système de production : récréer le lien entre nature et agriculture, agriculture et alimentation, valoriser des produits de qualité, et diversifiés, sensibiliser au bien produire et bien manger.

Contactez votre structure d'accompagnement local

ARDEAR Grand Est

26, avenue du 109è RI
52000 Chaumont

09 62 38 73 62 06 46 53 79 02

Veuillez vous connecter pour voir les infos de contact

Télécharger la fiche

Veuillez vous connecter pour télécharger la fiche