Installés depuis 2000 avec 45 chèvres, en reprise d’une ferme existante, Rachel et Wilko ont trouvé un équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle.

Installation progressive et accompagnée
Tous deux non issus du milieu agricole, leur installation s’est faite grâce à une rencontre fortuite avec des cédants et suite à l’impossibilité de développer le projet initial. La location pendant 3 ans a été une opportunité pour tester le métier et trouver un espace propre.
De plus, cette transition a permis un soutien technique (produire du fromage !) et « moral » du cédant sur les premiers temps. Le cédant a pris un risque (ses chèvres, chez lui…) mais la succession s’est bien passée.
Lors de l’installation, il existait une coopérative qui a fait faillite la même année, donc l’installation a été accompagnée d’un développement intégral sur la commercialisation, vu l’absence de clientèle déjà existante. Au bout de 3 ans, il leur a été possible d’acheter un terrain agricole, de construire la chèvrerie, et aussi leur habitation sur dérogation. La Mairie était très favorable au maintien de cette exploitation, et donc l’accueil a été facilité.

Parcours en extensif – un troupeau pour le village
Le projet initial portait sur 3 hectares en hors sol, mais l’installation dans l’Aude a permis d’avoir un troupeau au pâturage avec des parcours très extensifs : au départ les chèvres étaient repérées au son des cloches, ce qui demandait beaucoup de temps pour les localiser, les suivre, les chercher….Depuis, un système GPS est venue à la rescousse.

Les parcours :
Le parcellaire est très éclaté, composée de petites parcelles privées et de 80 ha de landes. Pouvoir limiter ou diminuer le temps de garde les a incité à trouver un système de surveillance du troupeau plus léger.
– au départ : les chèvres avaient un émetteur/récepteur avec une antenne.
– puis les GPS sont arrivés (il faut du réseau de téléphonie).
Les thermo-cartes permettent de voir le parcours, si elles se reposent, mais aussi si elles ont mangé ou pas. Si elles restent au même moment trop longtemps, il est possible d’aller les chercher pour les emmener vers des pâtures qui leur plaisent un peu plus.
Les chèvres sont rentrées tous les soirs même en dehors de la période des fromages, c’est un choix.
Les colliers GPS ont une autonomie de 3 semaines.
Il est possible de délimiter des cyber-parcs où le téléphone va sonner. Cela permet d’être averti si les chèvres rentrent dans un espace non désiré.
Les données récoltées par le GPS ont permis d’argumenter pour valider les zones boisées comme zones pâturées et éligibles, notamment en zone AOP Pélardon.

Même si les chèvres en parcours produisent moins de lait, ce système présente plusieurs avantages :
– une charge alimentaire bien répartie car les chèvres se nourrissent toute l’année en extérieur,
-la longévité des chèvres avec une lactation sur 10, 11 ans avant réforme, alors que d’habitude, c’est 6 ou 7 ans,
– peu de problèmes sanitaires, notamment le troupeau est indemne de CAEV (arthrite des genoux) .

Savoir aménager son temps de travail et se préserver physiquement
Un frein est apparu rapidement : le besoin de réguler le temps de travail pour avoir des jours de repos, d’organiser des plannings, ce qui permet de durer en tant qu’éleveurs.

Tout l’investissement a été rationalisé pour faciliter le travail et gagner du temps : raccourcir les trajets, ne pas porter de charge, être dans l’ergonomie, avoir tout sur place.

La valorisation du produits avec la vente directe du fromage, classé en zone AOP Pélardon, l’augmentation de la PAC et le passage en mono-traite ont permis d’embaucher de mars à Septembre deux personnes à deux tiers-temps chacune, les deux savent tout faire (livraison, traite, garde, fromagerie et tournée).
Les deux agriculteurs et les deux salariés sont interchangeables. Un planning sur le mois est établi, avec des jours de repos pour chacun …La présence de deux salariés formés à tous les postes leur permet de partir en vacances en dehors de la saison de production, en confiant la « ferme » à des gens de confiance. Il est toutefois important de trouver de gens en proximité géographique, notamment parce que les horaires sont éclatés.

La mono-traite améliore aussi la qualité de vie des chèvres, même si elle est motivée à l’origine par des choix familiaux (arrivée d’un enfant).

Savoir gérer pour piloter sa ferme et mieux en vivre
Tous ces choix stratégiques n’auraient pas pu être faits sans une gestion fine de la ferme. La DJA a vraiment été un levier d’installation (achat du troupeau, les bâtiments…), même si à priori les DJA (EPI à l’époque) étaient plus simples dans leur conception. Le projet portait sur 3 ans, avec une « obligation » d’atteindre le revenu en 3 ans mais avec une certaine souplesse dans la mise en place du projet. Malgré un manque d’entrain initial, la comptabilité était faite maison. Cela a été le début d’une gestion fine et réfléchie.

Suite à cette première expérience, la comptabilité est restée en interne : avec la DJA, avec le GAEC, les embauches des salariés puis avec tout le travail et l’appui de l’AFOCG. La gestion (qui commence par de la comptabilité) est très importante pour faire une suivi budgétaire, mesurer les investissements possibles, les embauches… bref de piloter la ferme. Il faut comprendre à travers ses résultats ce qu‘il est possible de faire, par exemple : aider à la prise de décisions, à construire un programme d’investissement pour aller dans le sens souhaité pour la ferme, et savoir aussi quel niveau d’investissement est possible, réaliste, vivable.

Ici, le sens est de concilier vie de la ferme et vie personnelle, avec pour objectifs : durer dans le temps ! et s’épanouir dans ses choix de vie.

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