Trouver du foncier, « une sacré épopée »

Gwenaël a trouvé le terrain qu’il occupe en faisant du porte à porte chez les agriculteurs de son village. Il avait déjà essayé de s’installer en 2014 et avait testé cette méthode qui n’avait pas marchée. Lors de ce deuxième essai, il a trouvé un agriculteur qui allait transmettre sa ferme et était prêt à lui vendre 2,5 hectares.

Cependant, même en ayant trouvé un propriétaire prêt à vendre, l’affaire n’était pas encore gagnée. La transmission de la ferme se faisait à travers la SAFER et les autres repreneurs hésitaient à acheter ce qui bloquait le processus. Finalement, si Gwenaël a pu acheter le terrain, c’est grâce à la mairie. Celle-ci l’a soutenu dans le processus de vente. Elle a appuyé la demande de Gwenaël en menaçant de retirer de l’échange 7 hectares de terrain qu’elle possédait.

Dans ce processus, Gwenaël n’a pas hésité à faire appel à du soutien. Ainsi, il a écrit une lettre à la Safer pour faire valoir sa demande. Cette lettre était rédigée avec le syndicat de la Confédération Paysanne, le réseau des AMAP de Lorraine LorAMAP et l’ARDEAR Grand Est. Il a également pu compter sur ses futurs amapiens que le connaissait de son expérience précédente. Ils ont mis la main à la pâte pour chercher du terrain et l’on encouragé dans sa démarche. « Ça m’a mis en confiance, c’était vraiment un soutien ».

L’autonomie à travers l’interdépendance

« C’est par les interdépendances avec les autres que je vois l’autonomie. Ce n’est pas tout seul »

Pour Gwenaël s’impliquer dans des groupes dans son territoire est une force. « J’ai énormément appris avec les visites de fermes, les échanges avec les paysans ». Il tient à avoir des échanges avec ses voisins. Que ce soient des échanges de matières ou d’aide sur les chantiers. Il est contre la tendance qui pousse les gens à se replier sur eux même. Cela donne l’impression qu’on peut tout faire tout seul. Lui veut, au contraire, faire avec les autres.

Gwenaël a entre autres fait partie d’un groupe qui s’intéressait au maraîchage en autonomie sur des petites surfaces (porté par l’ARDEAR Grand Est). Ce groupe s’intéressait aux questions d’autonomie et de la place du social dans un projet. Gwenaël a pu se débarrasser de certaines illusions sur la permaculture. D’un autre côté, cela a influencé sa façon d’envisager le travail avec la nature. Aujourd’hui qu’il est installé, il songe à se replonger dans ces questions, en développant des associations, en expérimentant à nouveau.

Il fait également partie d’un groupe sur les semences paysannes en maraîchage, l’Or des graines. La vocation de ces paysans est de produire ensembles leurs graines. Ils sont récemment allés rencontrer des maraîchers qui ont mis un place un système similaire en Franche-Comté. Cela leur a donné une motivation pour lancer le projet. Les paysans se sont réparti les variétés à produire (2 maraîchers sont prévus par variété). Ils espèrent pouvoir commencer leurs échanges l’année prochaine.

« Ce qui est chouette sur la semence c’est qu’on peut le faire collectivement. En étant nombreux on se donne la possibilité d’avoir plein de semences et de brasser la génétique »

L’apport de l’AMAP et Récolte souplesse

Gwenaël vend toute sa production en AMAP. Il est très heureux de ce système. Cela lui permet de coupler nécessité d’avoir un débouché avec vie associative et maintien de l’agriculture paysanne. De plus, il trouve très agréable de retrouver ses adhérents chaque semaine. En revanche, ce fonctionnement génère une énorme pression sur lui. Il sent qu’il a un engagement envers les amapiens, un besoin de leur rendre la confiance qu’ils lui accordent. Mais il ne voudrait pas changer de système de vente. Faire un panier lui permet de réaliser quelles sont ses faiblesses et d’y remédier. De plus, voir les amapiens donne plus de sens à son activité.

Gwenaël a mis au point une nouvelle façon de concevoir les paniers dans son AMAP. Normalement, les amapiens reçoivent tous un panier identique et n’ont pas le choix des produits. Dans l’AMAP de Gwenaël, seulement deux tiers du panier sont fixés et identiques pour tous les amapiens. Sur l’autre tiers, ils peuvent choisir leurs produits. Il leur est attribué des points correspondants à la valeur du tiers de panier. Avec ces points, ils choisissent des produits sur un étal, comme au marché. C’est ce que Gwenaël appelle la récolte souplesse – par rapport à la récolte engagée, celle fixe pour tous les amapiens.

Cette récolte souplesse permet à Gwenaël de valoriser ses marges de sécurité. En effet, il plante toujours plus que ce qu’il doit produire, pour éviter de ne pas avoir assez. Avec la récolte souplesse, ces marges sont réinjectées dans la part variable du panier. Cela lui permet aussi d’expérimenter. Il peut produire en petites quantités pour se tester, pour voir si la production est possible. Cette année, Gwenaël a planté des melons. Il n’a pas encore assez de place en serre pour en produire pour toute l’AMAP. Mais avec la récolte souplesse, cela devient possible !

« La récolte souplesse me permet d’avoir un équilibre entre production engagée et expérimentation. C’est aussi une forme de pédagogie pour les amapiens : quand on s’engage, on gagne en souplesse »

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