Mûrir son projet

Guillaume a suivi des études de géophysique puis d’informatique à la suite desquelles il a travaillé dans la recherche. Il a rapidement été déçu par ce milieu et par son travail : « Je ne trouvais pas trop de sens à ce que je faisais ». En parallèle il participe à la création d’une AMAP (Association pour le Maintien d’une Agriculture Paysanne) et s’intéresse aux dynamiques de groupe ainsi qu’au maraîchage. Il se lance alors dans un BPREA maraîchage bio en 2007 avec l’intention de prouver que l’on peut dégager un revenu en pratiquant l’agriculture paysanne et sans être débordé par le travail. Son diplôme en poche, il travaille 18 mois comme ouvrier sur une exploitation maraîchère bio. Cette expérience a permis à Guillaume de se former sur la technique et de découvrir différents modes de commercialisation. Il profite également de cette période pour rechercher un terrain avec des exigences précises concernant la composition et la structure du sol, l’accès à l’eau, l’exposition, la pente, le positionnement des parcelles et la présence de bâtiments. « Le choix du terrain joue un rôle très important en maraîchage. » Finalement il trouve la perle rare et s’installe début 2010. « Ce temps m’a permis de mûrir mon projet et de suivre des formations complémentaires. »

Se fixer des lignes directrices et s’adapter

Guillaume s’est fixé des lignes directrices pour sa ferme. Il commercialise l’intégralité de sa production en Amap, se dégage un revenu correspondant au revenu médian français, limite son temps de travail à 1750h par an, travail administratif compris, s’interdit l’utilisation de produits phytosanitaires, même bio, ainsi que les variétés hybrides et limite au maximum la mécanisation. Ces lignes directrices ont pour objectif de limiter les charges et de gagner en autonomie. Il prend tout cela en compte lors de la planification de ses cultures et dans le choix des légumes. Il assure la majeure partie de l’approvisionnement de ses paniers grâce à certaines cultures qu’il maîtrise. Pour le reste des cultures il expérimente différentes variétés et techniques, comme les associations de cultures ou les planches permanentes. « Il faut être rigoureux dans les objectifs qu’on se fixe, et en même temps avoir une bonne capacité d’adaptation pour réussir à les atteindre. »

Dynamiser un territoire rural avec une AMAP

Pour Guillaume le fonctionnement en AMAP était un impératif, or la zone où il s’est installé est éloignée des grandes villes mais à proximité de 2 petites villes. Il souhaitait que les distributions aient lieux sur sa ferme pour éviter les trajets mais surtout pour renforcer le lien avec les adhérents, il a donc créé une AMAP en s’appuyant notamment sur un réseau associatif local. « L’AMAP permet de créer du lien surtout à la campagne et apporte un soutien psychologique au producteur. » Rapidement d’autres producteurs rejoignent l’AMAP ce qui permet également de créer du lien entre paysans. Pour Guillaume il est important que l’AMAP garde une dimension humaine tout en lui permettant d’atteindre ses objectifs économiques. Pour cela, le prix des paniers est fixé en fonction de ses coûts de production plutôt qu’en se basant sur le prix du marché. L’AMAP permet également de créer une dynamique collective qui va au-delà de simples échanges matériels.

Utiliser sa ferme pour requestionner l’agriculture

Guillaume milite dans plusieurs structures en lien avec l’agriculture paysanne et biologique. Pour lui il est important de montrer que celle-ci est viable et doit être ce vers quoi doit tendre l’agriculture. Guillaume utilise volontiers son expérience personnelle pour cela, mais se nourrit également de la dynamique collective qu’il trouve dans les échanges. Sa ferme, très éloignée des standards agricoles invite chacun à questionner sa vision de l’agriculture et du métier de paysan. C’est pourquoi il reçoit régulièrement d’autres maraîchers ou porteurs de projet, mais également des classes de l’enseignement agricole.

–> Guillaume n’est plus maraicher à l’heure actuelle. Il travaille désormais en tant que formateur en maraichage au CFPPA de Courcelles-Chaussy.

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