Planter des vignes sur des prairies et développer un « corridor écologique »

Installé à 18 ans en 1974 avec son père, Claude partait de rien : la ferme familiale comptait 20 vaches à lait et 50 hectares de prairies et de céréales. Il planta donc ses premières vignes cette année-là, pour ne vendre sa première bouteille qu’en 1982 (car le vin du Jura nécessite 30 mois d’élevage en pièce). Claude a aujourd’hui 6 hectares de vignes dans un domaine créé de toute pièce mais où il a pu développer « un corridor écologique : quand mon père a arrêté les vaches, j’ai vendu des hectares à un autre agriculteur de la commune. Et j’en ai gardé pour des céréales et des vaches allaitantes, activité que j’ai totalement stoppée en 2000. Et j’en ai donc profité pour conserver des bandes d’herbe très larges autour de mes vignes (que je valorise en faisant faire le foin et en le vendant). Cela me permet de me mettre à distance des nuisances environnementales et de certaines pratiques d’agriculteurs voisins. »

Un engagement en faveur de l’agriculture biologique

L’installation de ce corridor écologique est le symbole de l’engagement de Claude en faveur de l’agriculture biologique. Dès son installation, Claude a convaincu son père de se convertir au bio, à une époque où c’était minoritaire et où aucun label ne garantissait des prix justes. « Ma philosophie, c’est que l’agriculture ne doit pas polluer la terre, le consommateur et le paysan ; l’agriculture biologique est la seule manière de respecter cela. Nous avons créé un syndicat des agrobios dès 1974, où nous nous retrouvions pour échanger sur les techniques et discuter de nos choix. Intellectuellement c’était très riche et surtout tu as l’impression d’être partie prenante d’un vaste mouvement société, tu as conscience de participer à différentes luttes, comme pour les OGM par exemple. »

Une méthode : traiter au bon moment et soigner par les plantes

Au fil du temps, Claude, qui avait un bac littéraire au moment de son installation, s’est formé et a perfectionné son système en agriculture biologique. « Avec le bio, l’important c’est d’effectuer les traitements au bon moment. Il faut donc être vigilant et mener un travail de désherbage au bon moment pour éviter que l’herbe n’étouffe le cep. Les traitements sont à envisager selon la nature du sol et avec une rigueur importante. J’utilise de plus en plus des soins par les plantes, notamment par des tisanes. Ce sont évidemment des actions de prévention, mais ça a l’air de marcher, ça fait 10 ans que je n’ai pas eu d’attaque… J’essaye aussi d’éliminer le plus possible le recours au sulfate de cuivre, mais la poudre de roche reste chère. J’essaie de me renseigner du côté des huiles essentielles pour intervenir sur ce plan-là. »

Mettre à disposition pour aider à l’installation de deux maraîchères

Parallèlement à son engagement dans la filière biologique, Claude est un militant syndical qui a toujours pensé « qu’il ne pouvait y avoir de réussite individuelle s’il n’y pas de structure collective. » D’abord engagé au CDJA, il était membre des Paysans Travailleurs, à l’origine de la Confédération Paysanne. Il a ainsi développé une sensibilité aux questions foncières et aux questions d’installation. Et c’est cette sensibilité qui l’a poussé à aider à l’installation de deux maraîchères sur des terres lui appartenant et qu’il avait « racheté pour les sauver de l’agrochimie. En plus, ce projet a du sens, il crée des emplois, il fait vivre le commerce local et le lien social au cœur du village, des retraités allant même donner un coup de main. Je crois que quand on s’engage, c’est toujours pour la collectivité. »

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