Une installation progressive en PPAM à faible investissement

Jean-Luc a toujours eu envie de s’installer. Après une formation d’ingénieur agricole, il travaille dans l’animation territoriale, puis devient maire et prend d’autres responsabilités politiques sur le territoire. Ce parcours le pousse finalement à commencer les PPAM* à la fin des années 80. Il s’installe « hors cadre familial », dans une période de renouveau de l’herboristerie, de développement du bio et des démarches locavores.

Jean-Luc s’est installé sans la DJA (Dotation Jeunes Agriculteurs) et les aides de la PAC : « on travaille sur des surfaces si petites, ça ne vaut pas le coup, et on ne toucherait quasiment rien ». La seule aide qu’il reçoit actuellement pour son activité est le crédit d’impôt Bio.

Il faut savoir qu’en PPAM, les investissements de départ peuvent être très faibles. L’élément indispensable, le séchoir, peut être réalisé en auto-construction. Il faut ensuite un véhicule et éventuellement du matériel pour cultiver. « On arrive à 50 000 € environ d’investissements au début. Les investissements les plus lourds sont surtout le matériel de transformation et l’aménagement du foncier (réhabilitation de friches)». Pour s’installer, Jean-Luc a déclaré des terrains familiaux et des friches privées afin d’atteindre 1 ha et demi en surface. Par la suite des opportunités d’achats ont permis d’atteindre une surface de plus de 2 ha environ.

*Plantes à Parfum Aromatiques et Médicinales

Un équilibre de vie entre agriculture et engagement politique

Jean-Luc a longtemps eu un pied dans la politique et un pied dans l’agriculture. Cette complémentarité lui procurait l’équilibre de vie dont il avait besoin. Cultiver des PPAM « c’est aussi mettre en application concrètement ce que je défends politiquement pour le territoire ». Ses responsabilités politiques lui ont également procuré une sécurité financière qui permettait des investissements progressifs et nécessaires à son activité agricole.

« La politique me plaisait, mais au fil des années, ma motivation professionnelle a augmenté tandis que ma motivation politique a diminué ». Actuellement, Jean-Luc se consacre pleinement à son activité agricole. Il cultive un peu moins d’un hectare de 40 à 50 espèces de PPAM et de petits fruits. Un tiers de ses plantes proviennent des cultures, et deux tiers de la cueillette sauvage.

Partager les connaissances sur les PPAM aux porteurs de projet

Jean-Luc est convaincu de l’importance de partager les savoirs et de favoriser l’échange entre les producteurs. Il a participé à la rédaction du Manuel d’autodéfense des paysans et paysannes en PPAM rédigé par la Confédération Paysanne ; ce guide expose les aspects juridiques à connaître quand on souhaite produire et commercialiser des PPAM.

Jean-Luc peut aider les porteurs de projet à se poser les bonnes questions pour une installation réussie en PPAM. Bien réfléchir au lieu d’implantation, au système de production, à la disponibilité en main d’œuvre… « Beaucoup pensent que produire des PPAM, ça consiste à cueillir des plantes dans la nature. Il ne faut pas oublier que les PPAM sont une production peu lucrative. Pour avoir une viabilité économique, il faut miser sur une diversité de produits et sur la maîtrise de la filière de la plante jusqu’à sa commercialisation ». Dans ce sens, Jean-Luc produit des tisanes, des sirops à base de plantes, des aromates, du pesto, des liqueurs, des confitures, et des plants d’aromatiques et médicinales. Il les vend dans un réseau de 40 à 50 magasins dans un périmètre élargi, sur les marchés, et en vente directe à la ferme. Une règle d’or qu’il veut répéter aux porteurs de projet : « ne jamais miser sur un seul débouché afin de faire face aux risques ».

S’adapter au territoire local et le mobiliser

Que ce soit pour la cueillette, pour la transformation et le stockage, ou pour la commercialisation, « s’adapter au territoire est le maître mot » pour Jean-Luc. Les ressources sauvages et le potentiel de production seront différents d’un territoire à un autre.

Quand on fait de la cueillette sauvage, certaines plantes sont difficilement trouvables d’une année sur l’autre selon la localisation de l’activité. Jean-Luc se situe sur un territoire de montagne plutôt propice, qui lui permet d’avoir de nombreuses plantes disponibles selon les saisons. L’accès rapide à des sites de cueillette en plaine d’Alsace diversifie le potentiel de cueillette.

Par ailleurs, Jean-Luc mobilise les acteurs locaux dans le cadre de son activité. Il collabore avec des prestataires pour transformer l’églantine en pulpe, pour stocker ses fruits en chambres froides, pour commercialiser les sirops, pour la livraison des commandes …

Quand Jean-Luc s’est installé, il n’existait que très peu d’accompagnement technique car les PPAM étaient peu connues. Seuls quelques échanges d’expérience entre producteurs ont permis d’avoir quelques références techniques. Le réseau des producteurs de PPAM se fédère progressivement, sous la houlette de Bio Grand Est et de l’ARDEAR, et Jean-Luc espère qu’un groupe de producteurs pourra prochainement se former sur le massif des Vosges dont l’objectif serait l’acquisition de matériels spécifiques aux PPAM : battage, triage, tamisage, … .

Consolider l’exploitation pour la rendre transmissible

Jean-Luc emploie depuis une dizaine d’années une salariée à temps partiel (presque un mi-temps) qui s’occupe de la préparation des tisanes et de la comptabilité, et recrute des saisonniers pour la cueillette sauvage et la conduite des cultures. Jusqu’à présent son épouse s’occupait de la fabrication des confitures. Il se fait ponctuellement aider par son fils, en tenant à le déclarer : « c’est important d’avoir le coût réel de la main d’oeuvre, cela apporte une transparence quant à la viabilité économique de la ferme ».

La production de PPAM est déficitaire par rapport à la demande, mais ce n’est pas pour autant évident d’en vivre. L’objectif de Jean-Luc est d’atteindre un seuil d’activité économique qui permettrait d’installer une deuxième personne sur son exploitation. Il pense donc déjà à la transmission qui pourrait être effective d’ici une petite dizaine d’années : « j’ai consacré beaucoup de temps à mon activité. Ça me tient à cœur que ce soit repris, dans un cadre familial ou non».

Dans cette optique, il a candidaté pour des terrains proposés par une institution voisine dont l’objectif est d’installer plusieurs porteurs de projet grâce à Terre de Liens (maraîchage, arboriculture, PPAM…). Si Jean-Luc est retenu, il pourra peut-être accueillir une 2ème personne en PPAM qui bénéficierait de la structure existante de Jean-Luc pour s’installer et se développer.

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