Acquérir de l’expérience avant de s’installer

« J’ai connu l’apiculture dans mon enfance avec mon grand-père qui l’avait appris lui-même avec son père. Depuis toutes ces années, les gestes et les pratiques étaient les mêmes. Malheureusement, aujourd’hui, la donne a changé… ». Quand Cécile s’est lancée dans son projet apicole en 2012, après une reconversion professionnelle, elle a compris que l’apiculture s’était complexifiée ces dernières années. Avec l’arrivée du varroa (acarien qui décime les ruches) dans les années 80 et des néonicotinoïdes dix ans plus tard, les colonies ont été grandement fragilisées. L’apiculteur doit maintenant plus les accompagner (voir les assister). Tout cela requiert davantage de technique. « Aujourd’hui, un apiculteur professionnel peut difficilement travailler s’il ne maîtrise pas l’élevage, par exemple », affirme Cécile. C’est pourquoi, avant de se lancer complètement dans le métier, elle a voulu prendre le temps de bien se former et de faire son expérience sur le terrain, quitte à travailler à côté pendant plusieurs années. En apprenant au côté de Nicolas Gy (apiculteur installé à côté de Langres, en bio), elle a pu, dès le début, acquérir des bases solides dans la manière de penser et de pratiquer l’apiculture. Elle a ensuite passé un BPREA option apiculture au CFPPA de Vesoul, en 2014, puis a multiplié les stages.

Une installation progressive sans emprunts

Pour s’installer, Cécile et Fabien n’ont pas fait d’emprunts : « Nous ne voulions pas dépendre des banques mais avancer à notre rythme, sans nous imposer la pression du remboursement », explique Fabien. Ne disposant pas d’apports personnels, le couple a travaillé dans d’autres domaines tout en montant son cheptel apicole. « Nous sommes passés de 4 à 300 ruches en 5 ans, en divisant nos colonies et en élevant nos reines. Nous avons aussi construit toutes nos ruches et les hausses qui vont avec ! » En 2017, c’est l’installation officielle auprès de la Chambre d’agriculture et, grâce à son BPREA, Cécile peut alors prétendre à la DJA : « un sacré coup de pouce ! ».

Aujourd’hui, le couple continue à développer son exploitation avec des projets pleins la tête. Ses leitmotiv : le développement d’une apiculture durable, associant activité économique viable majoritairement en circuit court et, bien sûr, qualité de vie.

Conserver l’abeille noire locale

L’un des projets qui leur tient le plus à cœur est la mise en place d’un conservatoire de l’abeille noire locale. Depuis le début de leur projet apicole, Cécile et Fabien ont choisi de travailler avec cette abeille, souvent boudée par les apiculteurs professionnels. Il faut dire que depuis plusieurs années, elle a mauvaise réputation : pas assez docile, trop peu productive, difficile à élever… Et pourtant, elle requiert des qualités uniques et pour qui sait s’adapter. « L’abeille noire est le nom générique donné aux abeilles locales. A chaque « terroir », son abeille noire, présente depuis des milliers d’années. En Haute-Marne, comme ailleurs, il s’agit de l’abeille la mieux adaptée au climat et à la flore locale, assurant une pollinisation optimale et régulière. En plus, sa rusticité et ses formidables capacités d’adaptation sont des atouts essentiels face aux conséquences du changement climatique », explique Cécile. Or, pour la première fois depuis des millénaires, après avoir traversé plusieurs glaciations, ces abeilles noires sont menacées. Entre autres causes, on trouve les pratiques agricoles avec l’utilisation des pesticides (et notamment les néonicotinoïdes), l’apparition de nouveaux parasites (varroas, frelons asiatiques…) et les pratiques apicoles modernes qui privilégient l’utilisation d’abeilles hybrides ou importées d’autres pays,
réputées plus productives. Ces abeilles hybridées se mélangent avec les abeilles noires, altérant leur patrimoine génétique et « Le risque c’est, qu’à terme, on ne retrouve ni les caractéristiques recherchées chez l’abeille importée (principalement la douceur et la productivité), ni les capacités de résistance de l’abeille noire. On finit par obtenir des abeilles plus fragiles face aux nombreuses maladies et parasites, des abeilles également plus dépendantes de l’homme (nourrissements, changements de reines…). »

Un partenariat avec une maison associative

Autre projet important pour le Rucher des Sources : le partenariat avec La Maison de Courcelles. Cette association située à Courcelles-sur-Aujon accueille et anime des séjours de vacances, des classes découvertes et d’autres évènements pour petits et grands. Cécile y a été embauchée en 2020, à temps partiel, pour notamment le développement d’un rucher-école et du projet de conservatoire. « La préservation des abeilles passe par la transmission auprès du jeune public comme des adultes », souligne l’apicultrice. Et Cécile n’est pas la seule productrice avec laquelle la Maison de Courcelles a créé des liens étroits. L’association travaille également avec un boulanger et un maraîcher. C’est avec eux et l’équipe de cuisiniers que la Maison a mis en place un projet alimentaire exigeant basé sur une alimentation saine et locale, anti-gaspillage. Ainsi, les enfants ne font pas que manger, ils cogitent aussi : jardins pédagogiques, four à pain et rucher-école leur permettent de comprendre d’où vient ce qu’ils consomment. Au sein de la Maison de Courcelles, Cécile organise notamment des formations pour apiculteurs amateurs. Théorie, fabrication de ruches et travaux pratiques au rucher-école sont au programme. L’apicultrice souhaite aujourd’hui renforcer les activités destinées aux plus jeunes. « L’abeille est un formidable vecteur pour aborder toutes les problématiques liées à la biodiversité ».

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