Ferme laitière pionnière en agriculture biologique avec transformation

Hervé est associé dans un GAEC de 5 associés. Ce fut, dans les années 1960 l’un des premiers GAEC en France et une ferme de passage pour de nombreuses personnes dans un contexte post Mai 68. C’est aussi à ce moment que les associés tentent une première conversion à l’agriculture biologique, avortée par la force du violent rejet du monde agricole qui y voyait une traîtrise. Pour cette raison, les associés se sont très tôt orientés vers des filières de transformation courte, pour finir par construire leur propre fromagerie. Elle est aujourd’hui une structure juridiquement indépendante mais sur le même site que la ferme dont elle transforme les 800 000 litres de quota. Le GAEC a une histoire riche et une expérience très spécifique que peut vous faire partager Hervé.

Installation en association dans un collectif

Hervé est arrivé dans le GAEC comme vacher en 1992, avec une solide intention de s’installer : « beaucoup de personnes sont passées par le GAEC, peu sont restées ». Il a beaucoup appris pendant son année de salariat, « c’est bien pour commencer ». Hervé est fils de paysan et titulaire d’un BTSA. Il était tout de suite à l’aise avec les animaux, mais il avait besoin de revoir son bagage technique, il y avait « beaucoup à mettre à la poubelle et savoir se confronter à la réalité ». L’organisation du travail entre les associés est un point central du bon fonctionnement de la ferme. Chacun dispose d’un compte-temps où sont notifié les différentes tâches, bien identifiés. Le principe de fonctionnement veut que les associés se voient au moins un matin par semaine, dans un lieu de réunion dédié. Les responsabilités sont divisées en fonctions des goûts et des rythmes de vie des personnes autant que faire ce peut. Si le travail en groupe demande une rigueur accrue, il « soulage aussi de l’astreinte et du poids de la prise de décision ».

Expérience de l'agriculture biologique

Le monde agricole et écologiste ont très longtemps été opposé. Hervé a découvert qu’un dialogue était possible lorsqu’il effectua un service civique d’objecteur de conscience au sein du Conservatoire des sites lorrains avant de découvrir l’agriculture biologique chez paysans pionniers de la région. Il s’est ensuite beaucoup investit sur la question. Grâce à son engagement au sein des groupements d’agriculture biologique et de la Confédération paysanne, il a vécu le changement à l’intérieur des instances agricoles et de l’Etat. Il le mesure aujourd’hui, « avant c’était tendu. Publiquement, on ne pouvait pas poser le débat devant tout le monde ». Aujourd’hui, la ferme est régulièrement visitée par les élèves des lycées agricoles, « ça fait partie de notre rôle de montrer ce qu’on fait ».

Gestion d'un gros troupeau en agriculture biologique

Il y a des effets d’échelle ; un gros troupeau (140 à 150 vaches à la traite) ne se conduit pas de la même façon qu’un petit. De grosses surfaces sont à disposition juste derrière la ferme, divisées en lot d’1ha avec des chemins d’accès pour la nuit. La rotation des parcelles, la qualité des chemins et l’accès à l’eau ou à l’ombre sont des facteurs importants pour les vaches et la qualité du travail. Hervé sait que le GAEC a effectué un travail pionnier, « ce qu’on fait depuis 40 ans, c’est ce que la PAC dessine aujourd’hui ». Malgré le contexte difficile, « il y aura toujours des producteurs de lait, mais sous d’autres formes » : regroupement dans de gros GAEC avec des équipes qui tournent sur la traite. Mais attention, à ce niveau, la gestion des pâtures devient très complexe, à plus forte raison en agriculture biologique, et la traite demande une concentration soutenue pendant deux heures. A partir de quand atteint-on les limites ?

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