Faire avec des terres argileuses

François travaille sur des terres argileuses. Elles ont un potentiel intéressant mais sont compliquées à maitriser. Les fenêtres météos pour intervenir sont plus courtes.

« Il faut faire attention à la façon de travailler le sol, sinon on le paie cash »

François respecte son sol au maximum. Il intervient aux moments les plus propices, en limitant le travail du sol et tente d’aller le moins profond possible. Selon lui, la mise en place du labour profond dans les années 80 a été une erreur dramatique. Cela a fait remonter l’argile des horizons inférieurs et a dilué la matière organique qui se trouvait en surface. Il essaie de réparer cette erreur en reconcentrant la matière organique dans les 15 premiers centimètres.

« Ce qui compte, c’est de ne pas remonter ce qu’il y a en bas, en haut »

François n’est pas en non-labour. Pour lui, c’est impossible en bio. En revanche, il bouge son sol le moins possible, et quand il va en profondeur, c’est seulement pour fissurer. Cela demande de s’adapter. Il essaie d’avoir des outils appropriés pour réaliser des tâches spécifiques – tout en admettant que les outils ne sont jamais bons à tout faire, et qu’il faudrait presque un outil pour chaque tâche.

Intensifier le végétal pour avoir un sol vivant

François est en constante réflexion pour ramener de la matière organique au sol. C’est sa priorité.

« Il faut produire pour le sol »

Pour cela, il aime à dire qu’il intensifie le végétal. Il ne supporte pas qu’il y ait un trou dans ses champs, donc essaie d’avoir l’implantation la plus parfaite possible. Il augmente sa densité de plantation pour pallier aux pertes. Il réfléchit également à sa rotation pour enchainer les cultures.

« Le Graal serait que, quand on enlève un plante, une autre prenne le relais ».

La taille des plantes est également importante dans la ferme. En effet, François raisonne par rapport à l’apport en carbone. « La lentille, en valeur ajoutée, est mieux que le maïs grain. Mais si je raisonne en termes de carbone, c’est nul ; car le maïs grain produit autant de carbone que de grains ». Il cherche à produire non seulement des graines mais aussi à maximiser les résidus qu’il va immédiatement rendre au sol. Cela contribue à fertiliser à long terme ses champs.

François cherche à avoir un sol vivant. Un sol qui soit capable de dégrader tout ce qu’on lui apporte. Il évite donc d’apporter des produits de méthaniseur ou du fumier car ceux-ci ont déjà subi un processus de dégradation, ce qui chuinte une partie de la vie du sol.

L’enjeux, au-delà de la production, est de remettre du carbone dans les sols et faire remonter le taux de matière organique, pour inverser la perte actuelle, qui est responsable du changement climatique.

Trier

« Quand on est céréalier, il est impératif d’avoir des moyens de nettoyage. Sinon on prend des risques énormes »

François sous-traite la récolte. En revanche, il lui tient à cœur de s’occuper du nettoyage juste après. Il a une installation pour nettoyer la récolte, la stabiliser (c’est-à-dire la mettre à la bonne humidité), la stocker et la contrôler et la trier. Pour lui, c’est la clé de son travail. « Une récolte, c’est un joyau. Il faut être en capacité de traiter tout ce qui peut arriver ».

Aujourd’hui, François a deux trieurs : un premier séparateur à grilles et un trieur alvéolaire. Il a dû apprendre à s’en servir, et à adapter ses cultures et son stockage à ces outils.

Pouvoir trier et nettoyer lui a permis de développer un système innovant pour lutter contre les adventices. Lors de la récolte, il descend le niveau de ventilation de la moissonneuse. Ainsi, toutes les graines sont récoltées, mêmes celles des adventices. Ces dernières seront enlevées lors de la première phase de nettoyage, compostées et remises dans la parcelles. Cette méthode est facile à mettre en place à partir du moment où l’on a le matériel pour nettoyer. François est très content de cette approche qui lui permet d’enlever 90% des graines d’adventices des champs. « Je vais forcément descendre le niveau d’infestation. Sur le long terme, c’est énorme »

Des lapins pour faire la transition

Le fils de François, Julien, l’a rejoint sur la ferme il y a deux ans et s’installe avec lui officiellement cette année. Comme il reste quelques années d’activité à François avant la retraite, son fils a développé un projet complémentaire. Il élève des lapins dans une parcelle en praire temporaire. Il a actuellement 40 mères qu’il garde dans des parcs. Les petits sont séparés de la mère à 2 mois et sont mis dans leur parc. Les lapins à l’engraissement sont ensuite installés dans des enclos de 3 m² que Julien déplace tous les jours.

Pour la diversification, Julien a développé un abattoir sur la ferme. Il vend ses lapins en AMAP principalement.

Cette activité lui permet d’avoir un complément de revenu avant de reprendre la ferme entièrement.

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