Développer l’œil éleveur au moment de la tétée

Pascal est éleveur de veaux de lait depuis 30 ans dans la plaine céréalière du nord du département. Installé sur 15 hectares, il en cultive 3 en céréales, ce qui lui permet d’être autosuffisant dans l’alimentation de ses 6 vaches, 3 génisses et 18 veaux de lait annuels. Sans diplôme agricole à la base, Pascal s’est formé avec son père puis seul à l’élevage. Chaque vache fait un veau par an et allaite 2 autres veaux échangés ou achetés dans un réseau de paysans bio. Pascal a choisi les races Simmental et Brune s’adaptant mieux en cas de sécheresse, la Montbéliarde étant intéressante seulement s’il y a de l’herbe. Mais le lait de ces deux races est souvent trop gras : Pascal doit donc être vigilant au moment de la tétée pour empêcher le veau d’être repus. « S’il boit trop, il digère mal et attrape la diarrhée. Il faut veiller à ce que le ventre ne soit jamais plus large que l’arrière-train. Il faut donc ajuster la durée de tétée selon la taille du veau, s’il a été malade récemment ou si la vache a une facilité à donner son lait. La surveillance des bouses dans ce cas est un bon outil ; je donne du mauvais vin rouge pour corriger et réensemencer la flore intestinale, mais d’autres utilisent du fromage blanc ou de la levure. » Les veaux de Pascal sont vendus chez des bouchers avec qui il travaille en confiance, et un ou deux collègues qu’il dépanne. La perte de qualité est moindre car la viande est vendue de suite ou mise sous vide, elle n’est pas exposée à l’air ou la lumière.

Une grande variété de herses pour entretenir et régénérer les prairies

Pascal est également un passionné de culture : il a été un pionnier du soja même s’il a arrêté aujourd’hui. Ayant réduit sa ferme, il se concentre sur l’entretien de ses prairies. Pour Pascal, « il faut passer la herse trois fois par an : deux fois en mars dès que le sol est ressuyé et à 10 jours d’intervalle, une fois en fin d’été après les regains. J’en ai de plusieurs sortes : herse suisse, herse étrille, herse émousseuse… La herse fait de petits trous pour faire passer l’air et empêche aux racines de s’asphyxier. Et ce sont les racines asphyxiées qui attirent les campagnols, le terrain est donc mieux préservé. Par ailleurs, le passage régulier provoque des repousses et une diversification de la flore, avec l’apparition dans mes prés de trèfles violet et blanc nain, de gaillet blanc, de minette, lotier, vesce et donc de meilleurs fourrages. » Pascal travaille aussi avec les constellations pour optimiser la qualité (fleur) ou le rendement (feuille), si le temps le permet.

Militant de l’environnement et de l’agriculture biologique

Pascal s’est posé beaucoup de questions sur sa manière de travailler, de cultiver. Il s’est battu pour le développement de l’agriculture biologique au milieu d’une plaine céréalière à l’époque où l’activité d’élevage était abandonnée. « Pendant 20 ans, j’ai passé plus de 800 heures par an en réunions, à travailler à des réseaux pour constituer une filière digne de ce nom, mais aussi pour transmettre du savoir-faire. Suite à un incident de stockage avec une coopérative céréalière en 2004, j’ai abandonné cet engagement mais je continue à mettre en pratique sur ma ferme mes convictions. Personnellement, je fais aussi connaître les savoirs que m’a transmis ma mère, à propos des plantes, afin d’en tirer des tisanes aux propriétés identifiées. Le magazine Alternatives Santé (aujourd’hui remplacé par Plantes et Santé) m’a beaucoup aidé à comprendre les enjeux liés aux plantes. »

Paysan et co-inventeur d’un désherbeur thermique

Si vous rencontrez Pascal, il pourra vous montrer sa machine à désherbage thermique. Construite par un machiniste sur ses propres plans, cette machine équipée de brûleurs à gaz était à utiliser au moment de la levée des mauvaises herbes, « il ne fallait pas se rater. Cela produisait des effets supérieurs au sarclage. »

Veuillez vous connecter pour voir les infos de contact

Télécharger la fiche

Veuillez vous connecter pour télécharger la fiche