De la naturopathie à la production et transformation de PAM

Après avoir travaillé comme éducatrice, Manue a passé 10 ans entre la France et plusieurs longs séjours en Afrique. Ayant aussi suivi une formation en naturopathie, elle a mis à profit son séjour africain pour enrichir sa connaissances des plantes. Elle y a aussi appris la gestion de l’eau. Avec son compagnon quand elle décide de revenir en France, ils seront d’abord bergers en estive  pendant 2 étés avant de songer à l’installation en 2011, ils poursuivent les estives en parallèle.

Au départ Manue envisageait d’ exercer comme naturopathe et n’avait pas vraiment de projet agricole . Suite à une annonce, ils trouvent une ferme dans les Corbières avec des parcelles de lavande déjà en production, leur projet se précise et ils s’installent avec un troupeau ovin et de la production de PAM. Après une séparation,  Manue ne va conserver qu’un tout petit troupeau en complément des cultures de plantes : lavande, lavandin, échinacée, romarin, sauge, thym, aloé véra réparties sur une surface de 2 hectares. A coté de son activité agricole, elle continue à donner des consultations de naturopathie.

Transformer sa production

La première année, toute la production d’huile essentielle de lavande a été vendue à des grossistes, Manue a ensuite fait le choix de transformer les plantes fraiches pour valoriser sa production et proposer une gamme de produits. La transformation, elle l’a appris à l’école de naturopathie et l’a complétée lors de son séjour en Mauritanie, en particulier pour l’aloé vera. Un laboratoire de transformation et un alambic pour la distillation, dans deux locaux indépendants, lui ont permis rapidement de transformer directement à la ferme. Hormis une commande régulière de romarin en frais, les plantes sont donc utilisées soit pour l’élaboration des différents produit soit pour les besoins de l’exploitation. Sa gamme de produits est diversifiée : sirops, gelées, sel, huiles essentielles, encens, pommades et produits cosmétiques.

Ses produits, à part quelques ventes via Internet, sont commercialisés localement dans 3 magasins de producteurs et une biocoop, elle assure une permanence mensuelle dans un des magasins. . Par contre elle ne fait plus de marché hebdomadaire mais des collègues prennent ses produits sur leurs étals.

Elle a en projet d’ élargir sa gamme aux soins pour bébés.

Privilégier l’autonomie : le circuit des matières et l’autoconstruction

Recherchant l’ autonomie sur sa ferme, Manue cultive un potager, a des volailles et quelques brebis, ce qui contribue à son auto-suffisance, elle est attentive à utiliser (ou échanger ) pleinement tout ce que produit la ferme. La production de matières issues de ces activités peut être utilisée directement sur la ferme : fumier utilisé pour le jardin, hydrolats utilisés dans la bergerie, laine comme paillage ou cardée. Les huiles essentielles, exception faite du lavandin, servent à l’élaboration des produits de sa gamme.

Au delà de ces utilisations en interne, plusieurs échanges avec des voisins ou collègues lui permettent de récupérer du son pour les brebis, d’échanger du fumier contre des plants et contribuent à une circulation locale des matières.

La ferme étant située dans une zone à risque incendie, pour s’en préserver elle a déboisé une parcelle et les arbres abattus servent à la construction de la maison, aux réparations. Dans un souci d’autonomie, elle privilégie l’auto-construction pour ses projets en cours : maison, séchoir, serre Walipini ( serre enterrée) mais aussi pour entretenir les bâtiments existants .Pleine de ressources et d’idées, elle a aussi fait une cave avec un container enterré, demandez-lui conseil ! Elle reconnait ses limites et a appris de ses erreurs et depuis fait appel à des professionnels pour certains travaux.

Accueillir et faire partager ses savoirs

L’envie d’accueillir, de faire découvrir ou de partager ses connaissances donne à sa ferme une dimension d’ouverture qui lui tient à coeur.

Après avoir débuté par de l’accueil social sur la ferme en direction de jeunes en foyer avec l’association Accueil Paysan (séjour de rupture), Manue a fait évoluer son projet, celui-ci se décline maintenant sous d’autres formes :

– l’ accueil pédagogique, les activités proposées sont adaptées à la demande de l’enseignant : visite de la ferme, animations….. Elle s’appuie sur le Civam Racines Aude pour la gestion de ces demandes.

– l’opération de ferme en ferme qui, le temps d’un dimanche, permet au public de découvrir un lieu, d’avoir une approche vivante de l’activité paysanne

– la découverte du milieu à travers des sorties naturalistes, du bivouac en garrigue, des balades botaniques.

Au delà de l’accueil sur place, elle peut aussi intervenir à la demande dans différents lieux : collèges, prison ou pour des associations et trouve « que ça change, les fermiers se déplacent vers l’extérieur ».

Afin de s’assurer d’un complément de revenus, elle envisage de développer l’accueil touristique.