Des pratiques agricoles de conscience : le maintien de la biodiversité et le recours aux semences paysannes

Le maintien de la biodiversité et des paysages naturels est un élément qui tient particulièrement à cœur Thierry dans son métier de paysan. Lorsqu’il s’est installé, il a expérimenté, pendant 5 ans, le semis direct dans le cadre de l’agriculture de conservation avec pour objectif de préserver la biodiversité et la structure des sols. Mais finalement, il n’a plus supporté d’avoir systématiquement recours au glyphosate et a décidé de se convertir en agriculture biologique.

Sur sa ferme, Thierry s’est également impliqué dans un important projet de plantation de haies et de bandes enherbées, qui constituent selon lui un élément essentiel au niveau du paysage, même si cela est vue par certains comme une perte de temps et d’argent. Les haies permettent de créer une limite avec les voisins en conventionnel, de remettre de la verdure dans la campagne, et de préserver certaines espèces d’oiseaux et d’insectes.

Il a commencé à s’intéresser aux semences paysannes avec l’association Graines de Noé, une plateforme démarrée en 2012 qui conservent des blés anciens (plus de 200 variétés actuellement). Thierry a commencé par cultiver les blés de pays sur des micro-parcelles. Il a conservé les variétés les plus productives et les a ressemées en mélange variétale (environ 11 variétés) en multipliant par 10 la quantité de semences chaque année. Parmi ces blés de pays, des variétés comme le Rouge d’Alsace, le barbu du Mâconnais, le rouge de Bordeau, le blanc de Saône, l’Alauda, le blé Autrichien.

Thierry a pu observer que, dans le cadre d’une agriculture économe en intrant, les variétés paysannes sont équivalentes aux variétés conventionnelles en termes de rendement et elles permettent plus de régularité, notamment au niveau des qualités nutritives des céréales. Elles peuvent également s’avérer plus résistantes à certaines adventices, comme le vulpin.

Une commercialisation à valorisation locale forte

L’enjeu actuel concernant les variétés paysannes cultivées sur la ferme est leur valorisation. Plutôt que de vendre ses céréales aux coopératives et de ne pas savoir où elles vont, Thierry souhaite les transformer et les commercialiser localement. Pour cette raison, il est entré dans le projet des Moulins d’Auberive. Il est devenu président de cette coopérative dont le but est de transformer en commun les céréales de plusieurs producteurs et de les vendre à des boulangers ayant la volonté de travailler avec des farines issues de blés et d’autres céréales paysannes.

A terme, Thierry souhaiterait ne plus être dépendant des prix des marchés céréaliers et des coopératives en circuit long pour être plus résilient et travailler à un juste prix, fixé selon ses coûts de production et non les cours des marchés internationaux.

Pour l’ensemble de ses productions, Thierry essaye de favoriser les opportunités de commercialisation locales reposant davantage sur l’entraide et la solidarité entre les différents intermédiaires, même si économiquement, il est conscient de ne pas toujours maximiser ses profits. Il vend notamment son orge en mélange avec du triticale à un négociant qui travaille avec des éleveurs régionaux. En faisant reposer ses relations commerciales sur la confiance, les moulins ou les négociants avec qui il travaille peuvent par exemple se montrer plus arrangeants si les récoltes d’une année sont moins bonnes.

Créer de la plus-value à moindre coût : la culture de légumes de plein champ sur une partie des surfaces de la ferme

La ferme de Thierry a la particularité d’avoir des terres d’une qualité très hétérogène. Les sols vont du limoneux argileux à des sols très calcaires avec la roche à 5cm du sol. Pour rentabiliser au mieux les sols les plus fertiles, Thierry a développé la culture de légumes de plein champ, ce qui a permis de fortement augmenter la valeur ajoutée réalisée sur une petite partie de la ferme. Ainsi, la production de légumes occupe environ 3% de la SAU et correspond à 15 à 20% du chiffre d’affaires réalisé par Thierry. Actuellement, il cultive majoritairement des oignons, des carottes, de pomme de terre qu’il vend en semi-gros ou en gros et qu’il commercialise via un intermédiaire du magasin de producteurs Multiferm situé à Langres et proche de Dijon.

Thierry commence également à réfléchir à la transmission de son activité. Il souhaiterait que sa ferme reste en agriculture biologique et soit reprise par quelqu’un qui poursuive les projets mis en place ces dernières années, tout en apportant des innovations qui permettront de faire face aux difficultés nouvelles du monde paysan.

 

Publié le 10/01/2023

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