De l’envie au projet : parcours d’une reconversion

Jean-François est fils d’agriculteur mais c’est un de ses frères qui a repris la ferme familiale (polyculture élevage allaitant) tandis que lui s’est dirigé vers le secteur bancaire.
L’envie de travailler la terre était cependant grandissante et quand il change d’employeur à 40 ans, il affine son projet et entame sérieusement une recherche de foncier.
Son objectif : recréer un projet agricole paysan, à taille humaine, nécessitant très peu de foncier, avec transformation fermière et vente directe, lui permettant de travailler avec sa compagne et de proposer des produits qualité pour l’alimentation locale.
Très attiré par le maraîchage, mais craignant de ne pas pouvoir en dégager deux revenus, il choisit de commencer par l’élevage de volailles plein air, en gardant en tête l’idée de se diversifier plus tard.
La bonne opportunité se présente alors, sous la forme d’une vente SAFER de 8,7 hectares à 5km de chez lui, sur laquelle il est le seul candidat à l’installation.
C’est le début d’une aventure, dans laquelle tout est à créer.

Se former et s’installer après 40 ans

N’étant pas éligible aux DJA du fait du plafond d’âge, Jean-François n’était pas obligé de faire un BPREA, et ne souhaitait de toute façon pas passer par une formation longue pour ne pas repousser le démarrage de son activité. Disposant d’un reliquat de droit à la formation de sa période de salariat et d’un soutien de VIVEA, il réussit à financer 5 jours de formation collective par le biais de « savoir-faire et découverte » chez un éleveur de volailles bio dans la Loire. Puis il monte en compétences en participant aux formations de l’ARDEAR Grand Est qui anime un groupe de producteurs en volailles fermières se réunissant régulièrement pour échanger leurs pratiques et se former collectivement.
Le reste, il l’apprend en faisant, en tirant des enseignements de ses erreurs et de ses réussites, en faisant des expérimentations à petite échelle et en continuant d’échanger avec d’autres paysans.

Une éthique d’élevage respectant le bien-être des animaux

Sur les 8 hectares achetés lors de son installation, Jean-François en mobilise 2 pour son élevage et valorise pour l’instant le reste en foin. La surface lui a ainsi permis d’installer des bâtiments mobiles, 5 bâtiments de 60m² pour les volailles de chair et 3 bâtiments de 30m² pour les pondeuses, qu’il déplace entre chaque lot pour les nettoyer et laisser les parcours se régénérer. Conçus pour accueillir jusqu’à 16 animaux au m², ils n’en accueillent que 7.
Jean-François élève des poules pondeuses rousses et noires, et côté volaille de chair, des poulets cou nu, des pintades, des dindes blanches, et pour la période de Noël, des chapons de poulet et de pintade, de la dinde noire, de la poularde, du coq.
Il adopte un mode de soin préventif, à base de plantes, sans médicaments et sans antibiotiques, et une alimentation sans OGM, composée de blé concassé ou entier et d’aliment complémentaire, dosé selon l’âge des animaux. Une partie des protéines sont apportées par le parcours plein air.
Pour le confort de ses animaux, Jean-François a engagé un partenariat avec l’association Nature Haute-Marne afin de replanter des haies et des arbres, qui permettront d’abriter les parcours du vent, mais aussi de délimiter les espaces, et de réintroduire de la biodiversité.

Rien ne sert de courir, ou de vouloir en faire toujours plus

Jean-François est persévérant mais patient. Il préfère prendre son temps pour faire les choses bien, et se donne des objectifs réalisables, qu’il ajuste selon les évolutions et contraintes.
Ayant créé sa ferme de zéro, en achetant le foncier, les bâtiments, les animaux, et en investissant dans un abattoir et un petit magasin, les premières années sont nécessairement marquées par le poids des annuités, et l’enjeu est de trouver le bon équilibre. Pour cela Jean-François préfère miser sur une organisation optimale plutôt que de chercher à grossir.
Avec environ 200 pondeuses et 80 volailles de chair par semaine, il est légèrement en-dessous de son objectif de départ mais y trouve un meilleur équilibre, lui permettant de se limiter à un seul abattage hebdomadaire, de rester en-dessous du seuil de peuplement de ses bâtiments, et d’assurer sur la durée l’ensemble de ses débouchés. Pour optimiser davantage encore, il se lance dans l’élevage de poussins et va préférer réduire un peu le délai d’entrée entre deux lots plutôt que d’augmenter le nombre d’animaux.
Son choix d’élever des volailles de chair de race cou nu répond de la même philosophie : c’est une race à croissance lente qu’il mène jusqu’à minimum  de 110 jours, privilégiant la maturité des produits qu’il propose à sa clientèle.

Ne pas négliger le temps commercial et de transformation

La relation avec sa clientèle est très importante pour Jean-François. « Le retour client est valorisant et permet de savoir qu’on est sur la bonne voie ». La vente directe était une évidence dès le départ du projet, peut-être même son moteur. Il y consacre plus de la moitié de son temps, en comptant l’abattage, la découpe, la préparation des commandes et les temps de vente, avec une forte participation de sa compagne, conjointe collaboratrice à titre secondaire et avec qui il aimerait à terme s’associer.
Les débouchés sont diversifiés : un marché hebdomadaire, un marché mensuel, deux restaurants, une maison de retraite, une grosse commande d’œufs par le boulanger-pâtissier voisin et des ventes à la ferme sur commande qui vont bientôt être remplacées par un petit magasin en cours de construction à côté du domicile. Toujours à la recherche du bon équilibre, Jean-François est attentif à bien calculer ses coûts pour fixer ses prix, choisir ses débouchés, et s’adapter aux demandes de ses clients en leur proposant une diversité de produits.

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