Adapter l’alimentation d’un troupeau de chèvres

Isabelle s’est installée en 2005 en production de fromage de chèvres. Elle exploite 18 ha en agriculture biologique et trait environ 40 chèvres. Formée à l’ENITA de Bordeaux, elle s’est fait la main en Chavignol et applique aujourd’hui les mêmes méthodes dans la fabrication de ses fromages : « Je fais moi-même mes ferments et mon travail est d’abord d’avoir du bon lait si je veux avoir du bon fromage. Pour cela je travaille l’autonomie de ma ferme et je fais attention au troupeau. » Isabelle s’était installée avec la race Alpine Chamoisée, mais en fait elle n’était pas adaptée, ces chèvres ne « savaient plus manger d’herbe ». Isabelle a donc opté pour la race de chèvres de Savoie, plus rustique et adaptée aux pâturages du Jura. « J’ai fait un travail avec un vétérinaire sur la distribution des aliments : je donne d’abord du gros foin, ensuite du petit ou du regain puis de l’herbe et des céréales. J’ai aussi instauré des pâturages tournants et je fais manger le maximum de feuilles aux chèvres, ça fait diminuer le parasitisme. Mais du coup, j’ai du faire un gros travail d’éducation des jeunes chèvres, pour leur apprendre à manger le gros foin. Et j’ai aussi choisi de ne plus les séparer des mères, afin de garder le troupeau uni, ce qui déstresse les animaux et renforce l’immunité du troupeau. »

Apprendre à regarder les parasites autrement

Isabelle effectue par ailleurs un déparasitage beaucoup plus ciblé, avec l’aide de tisanes, à base de thym, serpolet ou gentiane (qui aide à ouvrir les canaux biliaires dans le foie). « Il est plus efficace d’apprendre à vivre avec les parasites que de chercher à les éliminer à tout prix et systématiquement. L’idée est de travailler sur le renforcement de l’immunité des chèvres, car le traitement chimique et systématique affaiblit l’animal. S’il est traité de cette manière, la dose médicamenteuse le fragilise physiquement et l’expose finalement à d’autres problèmes. On travaille donc avec des vermifuges et non avec des vermicides.  » Isabelle est membre d’un GVA (Groupe de Vulgarisation Agricole) où elle se forme aussi à l’utilisation de l’homéopathie, en plus du travail avec le vétérinaire, car ça lui permet de garder sa ligne de conduite, « surtout quand tu te sens isolée dans tes pratiques. »

Lutter contre le sentiment d’isolement des jeunes installés

« Quand tu t’installes, tu vas à fond et tu ne regardes pas trop autour de toi ; quand t’es hors cadre familial comme moi, tu ne connais pas forcément les autres paysans du coin, surtout quand certains convoitaient tes terres. Heureusement qu’il y a eu une partie du village et le maire en tête qui soutenait mon projet. Aujourd’hui, on a un petit réseau de copains paysans avec qui on se donne des coups de mains, on échange des pratiques. » Isabelle a également choisi de travailler du lait de vaches, acheté à un paysan voisin. « Cela élargit ma gamme de produits, mais surtout j’ai toujours quelque chose à vendre au marché, même quand les chèvres sont taries. Le marché, c’est une journée sportive, mais ça permet de sortir de la ferme, de discuter avec les collègues, les clients aussi et d’avoir des retours sur les produits que je fabrique ; ça fait du bien et ça aide à progresser. »

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